S. f. (Morale) voyez VALEUR. Il ne faut pas néanmoins renvoyer séchement au mot synonyme, quand on peut faire quelque chose de plus. Je définis donc la vaillance, l'effet d'une force naturelle de l'homme qui ne dépend point de la volonté, mais du mécanisme des organes, lesquels sont extrêmement variables ; ainsi l'on peut dire seulement de l'homme vaillant, qu'il fut brave un tel jour, mais celui qui se le promet comme une chose certaine, ne sait pas ce qu'il sera demain ; et tenant pour sienne une vaillance qui dépend du moment, il lui arrive de la perdre dans ce moment même où il le pensait le moins. Notre histoire m'en fournit un exemple bien frappant dans la personne de M. Pierre d'Ossun, officier général, dont la vaillance reconnue dans les guerres de Piémont, était passée en proverbe ; mais cette vaillance l'abandonna à la bataille de Dreux, donnée en 1562, entre l'armée royale et celle des protestants ; ce brave officier manqua de courage à cette action, et pour la première et la seule fois de sa vie, il prit la fuite. Il est vrai qu'il en fut si honteux, si surpris et si affligé, qu'il se laissa mourir de faim, et que toutes les consolations des autres officiers généraux, ses amis, et du duc de Guise en particulier, ne firent aucune impression sur son esprit ; mais ce fait prouve toujours que la vaillance est momentanée, et que la disposition de nos organes corporels la produisent ou l'anéantissent dans un moment. Nous renvoyons les autres réflexions qu'offre ce sujet aux mots COURAGE, FERMETE, INTREPIDITE, BRAVOURE, VALEUR, etc. (D.J.)